La ville de Liège poursuit sa transformation et c’est aujourd’hui le quartier de Bressoux qui se redéploie de manière spectaculaire. L’arrivée de la nouvelle ligne de tram, avec l’implantation en son terminus du centre de Maintenance et de Remisage et d’un parking-relais (P+R), la construction du nouveau hall des Foires (Liège Expo) et à présent l’inauguration de nouvelles infrastructures de transport voient le jour en un temps record. Le bureau greisch a eu l’opportunité d’intervenir activement dans ces différents projets et de contribuer à la mutation de l’entrée nord de la Ville.
Une nouvelle vision de la mobilité
Depuis Maastricht, l’autoroute E25 se terminait historiquement à hauteur du pont Atlas et permettait aux véhicules de pénétrer directement dans le centre. Cette disposition d’apparence commode constituait en réalité un couloir imperméable, inaccessible depuis Droixhe et Bressoux et usuellement caractérisé par un trafic (très) dense, témoin de la transition entre une voie rapide et un pôle urbain. Dédoublé par une contre-allée austère (l’avenue Georges Truffaut), ce tronçon n’offrait en outre pas d’accès à la berge de Meuse tout en ne présentant aucune qualité paysagère.
Le boulevard inauguré ce mardi 30 septembre constitue l’aboutissement d’une réflexion et d’un chantier de plusieurs années, visant à reporter la « frontière » de Liège vers le pont barrage de Monsin (soit environ 2 km plus au Nord) et à offrir du confort, de la multimodalité et de la biodiversité au secteur remanié. L’A25 et l’avenue Georges Truffaut ont à présent changé de visage ! Pour améliorer l’accessibilité au quartier de Bressoux, de nouvelles traversées et carrefours ont été construits. Cette nouvelle optique permet une réelle pacification du trafic. Le projet intègre également une réflexion sur les modes doux et la connexion à la Meuse.
Le charroi de poids lourds, essentiel à l’activité du pôle industriel de Droixhe, est orienté vers la rue de Jupille grâce à l’aménagement d’un nouveau passage dénivelé. Jadis aveugle, l’extrémité de cette avenue est à présent connectée au nouveau boulevard et permet de soulager l’échangeur autoroutier du pont-barrage, autrefois saturé.
En direction de Liège, un second carrefour (à niveau cette fois) est aménagé à hauteur de la nouvelle voirie d’accès au parking relais (P+R) de Bressoux et permet de renforcer la connexion avec la nouvelle ligne de tram. Ce maillon est primordial pour susciter le report modal vers le tram en entrée Nord de la ville.
Par ailleurs, les entités proches de Liège (comme le village de Wandre) bénéficient d’un itinéraire direct et sécurisé pour les modes doux vers le centre-ville (véloroute).
D’une autoroute à un boulevard périurbain
La zone initiale se composait d’une emprise hydrocarbonée d’environ 30 m de large : 2 x 2 bandes d’autoroutes, deux bandes d’arrêt d’urgence et l’avenue Georges Truffaut. Elle constituait une barrière infranchissable entre le quartier de Droixhe et la Meuse.
Cette frontière est à présent remplacée par un boulevard périurbain : 2 x 2 bandes dédiées aux voitures, encadrées de deux pistes cyclables bidirectionnelles et de trottoirs, l’espace restant est dédié aux aménagements paysagers. Cette nouvelle répartition des modes de transport, faisant la part belle aux modes actifs, permet une véritable végétalisation de l’artère : arbres à hautes tiges de diverses essences agrémentés de couvre-sol. Le projet prévoit également des accès à la piste cyclable en bord de Meuse.
Gestion d’un point critique : le trafic vers le pôle industriel
Le pôle industriel de Jupille génère un trafic important de poids lourds qu’il convient de connecter efficacement au boulevard et à l’extrémité de l’autoroute, à présent reportée au-delà du pont-barrage. Pour fluidifier ce trafic, un carrefour à feux n’aurait pas suffi, particulièrement aux heures de pointe : la réalisation d’une trémie s’imposait pour faire coexister les flux axial et transversal. Deux bandes de circulation (une dans chaque sens) empruntent dès lors le passage inférieur, garantissant la sécurité et l’efficacité de ce nœud routier.
La structure de cet ouvrage a été conditionnée par la nature du sol, la proximité de la Meuse et la présence de sa nappe phréatique. Longue de 300 m et d’une dénivellation maximale de 6 m, la trémie a nécessité une excavation sécurisée de 14 000 m³ de terres. Les solutions classiques (tirants ou palplanches) étaient incompatibles avec les contraintes d’impétrants et d’espace disponible pour le maintien du trafic pendant le chantier. Le choix s’est porté sur des pieux sécants. Cette enceinte étanche et autostable est complétée d’un contre-voile en béton armé et d’un écran acoustique alvéolaire limitant la résonance et les nuisances pour les riverains.
Les nouveaux aménagements sont également exploités par RESA qui y a installé son réseau de câbles moyenne tension sous le nouveau véloroute.
Une entrée végétalisée et à échelle urbaine
Les espaces sont recalibrés au profit des modes doux et des espaces verts, tout en garantissant les fonctionnalités de trafic routier lourd et léger. Ce parti-pris paysager rebat les cartes de l’espace public. La réduction de la vitesse maximale autorisée (à présent 50 km/h le long du boulevard) est induite naturellement par la largeur la chaussée, son partitionnement transversal, la présence de végétation haute et l’implantation d’une signalisation à échelle humaine. Liège se pare d’une véritable porte d’entrée Nord, prémisse de futurs développements qualitatifs, tant en termes d’urbanité que d’opportunités économiques.
Le projet en chiffres
- 2 km d’autoroute déclassés
- Réduction de 50 % de l’espace dédié à la voiture
- Création de deux pistes cyclables bidirectionnelles
- Deux nouveaux trottoirs piétons
- Une nouvelle trémie : 295 m de long, 14 000 m³ d’excavation, 740 pieux sécants de 88 et 63 cm de diamètre
- Une nouvelle voirie d’accès au P+R du tram et à FIL (Foire Internationale de Liège)
- 228 arbres plantés
- 7 600 m² de couvre-sol et 3 960 m² d’engazonnement
Les acteurs du projet
- Maître d’ouvrage : Service public de Wallonie — Direction des routes de Liège
- Architecte : Canevas
- Bureau d’études : Bureau greisch
- Paysagiste : Du Paysage
- Conseiller en mobilité : Transitec
- Coordination sécurité : PS2
- Entrepreneur : SM Galère — ABtech