Rehaussement des ponts du Canal Albert, une ode aux modes doux

    Des ponts des années 80 à l’heure du renouveau

    Conçus dans les années 80, les ponts du canal Albert situés à Lanaye, Lixhe, Hermalle et Haccourt ont été entièrement imaginés et réalisés par le bureau greisch. Pour répondre aux exigences de la navigation moderne et permettre le passage de bateaux avec un tirant d’air plus élevé – passant de 6,70 m à 8,80 m (pour un gabarit disponible passant de 7,50 à 9,10 m) – une étude approfondie a été menée pour chaque ouvrage. Objectif : évaluer les possibilités de rehaussement et définir les solutions techniques et les aménagements paysagers les plus adaptés, en tenant compte également des nouveaux usages, notamment cyclables.

    Haccourt : un chantier complexe en milieu habité

    Le pont d’Haccourt, structure bow-string classique sans travée d’approche, présente une configuration simple à rehausser, mais un contexte d’implantation complexe. Environnement urbain dense, routes adjacentes, dénivelés actuellement importants : pour le repositionner, il sera déplacé vers le sud, après suppression du rond-point voisin. Ce déplacement monumental de 2.000 tonnes s’inscrit dans un vaste projet de réaménagement.

    Autour du pont, tout est repensé. Reprises d’emprises, nouvelles voiries, liaisons optimisées, pistes cyclables séparées du trafic motorisé : l’accessibilité et la sécurité sont placées au cœur du projet. Deux pistes cyclables seront créées sur le pont – une bidirectionnelle au nord et une unidirectionnelle au sud – et une nouvelle travée permettra à la voirie venant du Trilogiport de passer sous le pont tout en cheminant logiquement au niveau du quai. Enfin, des aménagements paysagers viendront adoucir l’environnement, pour une meilleure qualité de vie locale.

    Hermalle : une cure de jouvence pour un bow-string

    Le pont bow-string d’Hermalle est quant à lui relevé à l’aide de tours de télescopage. Mais au-delà de cette opération technique, c’est une véritable rénovation qui est engagée : réparation des épaufrures dans les dalles béton, traitement de la corrosion, application de nouveaux complexes de peinture, remplacement de l’étanchéité de la dalle, mise en place d’un système d’évacuation des eaux revisité.

    Les modes doux ne sont pas oubliés. Bien qu’il soit impossible d’ajouter du poids sur le pont, une solution ingénieuse est adoptée : la suppression du trottoir lourd en béton de 2 m de large, remplacé par un encorbellement de 4 mètres en acier rendant les sollicitations globales sur l’ouvrage équivalentes. Ce dernier accueillera un plancher bois rainuré, résiné et sablé au quartz, fixé tous les mètres sur la charpente pour éviter tout soulèvement. Ce dispositif permet d’intégrer une piste cyclable bidirectionnelle. En sortie de pont, une piste séparée de la chaussée assurera une transition fluide et sécurisée, tout en respectant une pente adaptée à la pratique du vélo.

    Lixhe, pionnier des ponts haubanés

    Le pont de Lixhe est l’un des tout premiers ponts haubanés construits en Belgique. À l’époque de sa réalisation, les calculs complexes des haubans étaient effectués manuellement, ce qui a conduit à un nombre réduit de câbles porteurs. Pour limiter les interventions, seul le côté en rive droite sera relevé de 2,20 m, pivotant autour de l’appui en rive gauche. La technique utilisée est également celle du télescopage de chaque appui de manière à donner une pente complémentaire de 0,7%. Une fois la hauteur atteinte, la tête de pile existante sera hydrodémolie, préservant les armatures métalliques afin de pouvoir les recouvrir avec de nouvelles armatures permettant de liaisonner l’extension de pile à l’existant.

    L’intégration des modes doux y est également essentielle. Les quatre bandes de circulation seront réduites à deux, au profit d’une piste cyclable bidirectionnelle et d’une rampe d’accès au RAVeL. Ces aménagements s’étendront jusqu’au carrefour entre la N617 et la N602, et se poursuivront jusqu’au rond-point du pont barrage de Lixhe, inscrivant ainsi le pont dans un réseau de mobilité active cohérent.

    Lanaye : un pont presque conforme

    Le pont de Lanaye répond déjà, en grande partie, aux nouvelles exigences de hauteur. Seules des mesures de sécurité supplémentaires sont nécessaires : une signalisation spécifique sera mise en place pour garantir une navigation sans risques. Par ailleurs, une attention particulière a été portée aux modes doux. Le marquage actuel sera remplacé par une chaussée à voie centrale (CVC), permettant aux cyclistes de traverser le pont en toute sécurité. La faible intensité du trafic routier local rend possible un tel réaménagement, sans impact significatif sur la circulation automobile.

     

    Acteurs du projet

    • Maître d’ouvrage : SPW voies hydrauliques
    • Architecte : Bureau greisch / Canevas
    • Bureau d’étude : Bureau greisch

    Pont d'Haccourt : Avant/Après

    Pont d'Hermalle : Avant/Après